Les Cuirassiers, 1805
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"Mais il y a un maître encore vivant, dont je n'ai point parlé jusqu'ici. C'est Meissonier. Je l'appelle un maître parce qu'il a réellement créé un genre en France, celui des petits tableautins anecdotiques, dont Gérome plus tard a élargi le cadre, et qu'ont imités des centaines de peintres. Le talent de Meissonier ne me plaît pas [...] Meissonier a remporté de grands succès. Il est membre de l'Académie, commandeur de la Légion d'honneur, comblé de prix ; il n'a plus rien à souhaiter pour sa gloire. [...] On a exposé de Meissonier pas moins de seize tableaux au Champ-de-Mars. Le pire, c'est que ces tableaux ne sont pas de ses meilleurs. J'ai vu ici un des plus grands tableaux qu'il ait jamais peints : Les Cuirassiers, 1805. C'est un régiment de cuirassiers, rangé en bataille et s'apprêtant à passer à l'attaque. Il y a des têtes intéressantes, des chevaux dessinés avec tant de minutie qu'un crin se distingue de l'autre et que toutes les veines sont visibles [...] S'il y a une chose qu'on est obligé d'accorder à Meissonier, c'est d'avoir engendré un nombre infini de disciples et d'imitateurs. Une telle fécondité n'est pas surprenante, eu égard à la tendresse que nourrit le public pour les jolis tableautins qui tiennent peu de place. Nos salons bourgeois sont tellement petits qu'on ne peut pendre sur leurs murs que de tout petits tableaux. Par suite le marché en est inondé." (Emile Zola, Lettres de Paris, L'Ecole française de peinture à l'Exposition de 1878).
Auteur
Jean-Louis Ernest Meissonier (1815-1891)
Date
1878
Origine
Musée Condé, Chantilly