Exécution sans jugement sous les rois maures de Grenade
Commentaires
"Tout le monde se souvient du deuil universel qu'inspira la mort d'Henri Regnault, tué par l'ennemi au moment du siège de Paris en 1871. Aujourd'hui, il est permis de dire que le soldat a fait pleurer l'artiste. Naguère le patriotisme faisait qu'on gonflait le talent du jeune héros et qu'on disait que l'école française avait perdu en lui une future étoile. On vantait beaucoup ses oeuvres à l'occasion de diverses expositions. Aujourd'hui nous retrouvons quelques-uns des ses tableaux au Champ-de-Mars et il faut reconnaître que s'ils frappent les yeux par l'audace du coloris, les sujets en sont toutefois fort insignifiants et le métier raffiné plutôt que vigoureux. Delacroix a passé par là, mais un Delacroix vu et corrigé par Gérôme. Ainsi, L'Exécution sans jugement sous les rois maures de Grenade, cette scène mélodramatique, ce bourreau qui vient de couper une tête et qui essuie son cimeterre d'un geste théâtral, tandis que le supplicié roule ensanglanté à ses pieds, rappelle certaines toiles du grand peintre romantique. Mais l'élat du pinceau s'est terni, les tons ont la crudité de la peinture sur verre, le tableau dans l'ensemle est fruste et grossier." (Emile Zola, Lettres de Paris, L'école française de peinture en 1878).
Auteur
Henri-Alexandre-Georges Regnault (1843-1871)
Date
1870
Origine
Paris, Musée d'Orsay