La côté de Jallais, Pontoise
Commentaires
"Il y a deux merveilles au Salon de cette année. Mais on les a placées si haut, si haut que personne ne les voit. D'ailleurs, elles seraient sur la cimaise qu'on ne les regarderait peut-être pas davantage. Cela est trop fort, trop simple, trop franc pour la foule. [...]Je préfère peut-être encore l'autre toile, La Côte de Jallais. Un vallon, quelques maisons dont on aperçoit les toits au ras d'un sentier qui monte ; puis, de l'autre côté, au fond, un coteau coupé par les cultures en bandes vertes et brunes. C'est là la campagne moderne. On sent que l'homme a passé, fouillant le sol, le découpant, attristant les horizons. Et ce vallon, ce coteau sont d'une simplicité, d'une franchise héroïque. Rien ne serait plus banal si rien n'était plus grand. Le tempérament du peintre a tiré de la vérité ordinaire un rare poème de vie et de force.Ainsi, en exposant de pareilles oeuvres, Camille Pissarro attend le succès depuis neuf ans, et le succès ne vient pas. Qu'importe ! Il suffit que demain un critique autorisé lui trouve du talent, pour que la foule l'admire. Tout le monde a une heure de bruit ; mais ce que tout le monde n'a pas, c'est son métier puissant de peintre, c'est son oeil juste et franc. Avec de telles qualités, lorsqu'une circonstance l'aura mis en lumière, il sera accepté comme un maître." (Emile Zola, Mon Salon - Les Naturalistes, 1868).
Auteur
Camille Pissarro (1830-1903)
Date
1867
Origine
Metropolitan Museum of Art, New-York