Puis, à droite, c’était d’abord le palais de la Légion d’honneur, incendié à cinq heures du soir, qui brûlait depuis près de sept heures, et qui se consumait en une large flambée de bûcher dont tout le bois s’achèverait d’un coup. Ensuite, c’était le palais du Conseil d’Etat, l’incendie immense, le plus énorme, le plus effroyable, le cube de pierre géant aux deux étages de portiques, vomissant des flammes. Les quatre bâtiments, quientouraient la grande cour intérieure, avaient pris feu à la fois ; et, là, le pétrole, versé à pleines tonnes dans les quatre escaliers, aux quatre angles, avait ruisselé, roulant le long des marches des torrents de l’enfer. Sur la façade du bord de l’eau, la ligne nette de l’attique se détachait en une rampe noircie, au milieu des langues rouges qui en léchaient les bords ; tandis que les colonnades, les entablements, les frises, les sculptures apparaissaient avec une puissance de relief extraordinaire, dans un aveuglant reflet de fournaise. Il y avait surtout là un branle, une force du feu si terrible, que le colossal monument en était comme soulevé, tremblant et grondant sur ses fondations, ne gardant que la carcasse de ses murs épais, sous cette violence d’éruption qui projetait au ciel le zinc de ses toitures. Ensuite, c’était, à côté, la caserne d’Orsay dont tout un pan brûlait, en une colonne haute et blanche, pareille à une tour de lumière. Et c’était enfin, derrière, d’autres incendies encore, les sept maisons de la rue du Bac, les vingt-deux maisons de la rue de Lille, embrasant l’horizon, détachant les flammes sur d’autres flammes, en une mer sanglante et sans fin.