La Curée – Un dîner d’affaire dans le grand monde
Commentaires
La scène du repas est un passage obligé du roman naturaliste, car elle révèle, à travers l’art et la manière de se nourrir, les traits d’un milieu social, d’un groupe ou d’un clan dont il s’agit de « poser » les membres au début du roman, tout en participant à l’exposition de l’intrigue, par le jeu des regards et des conversations. Le dessin peut contribuer, comme ici, à établir, ces réseaux de complicité et de duperie entre les personnages, selon une logique moins mimétique que mathématique : pas de plan de table, comme pour L’Assommoir ou Nana, mais des ensembles signalés par des bulles disposées géométriquement autour du jeune couple mal assorti. Chaque ensemble signale les invités assis côte à côte pour des raisons tactiques : Sidonie, la sur de Saccard, intermédiaire dans toutes les affaires louches, s’attache les faveurs des deux entrepreneurs, Mignon et Charrier, impliqués dans les grands travaux de Paris conduits par le préfet Haussmann. Classé dans la rubrique des « Renseignements divers » du dossier préparatoire, et réalisé vers mai 1870, le croquis dévoile un autre aspect du Zola dessinateur, déjà à l’uvre dans les arbres généalogiques de 1868 : la pensée combinatoire et classificatrice qui renvoie à la fascination de l’écrivain naturaliste pour les listes, celles des êtres, des choses, et des mots.
Auteur
Emile Zola
Date
1870
Origine
La Curée, BnF, Mss, NAF 10282