Déjà, Silvine entrait dans la maison, dont les fenêtres et les portes défoncées bâillaient à l’air humide. En effet, il n’y avait évidemment là personne, les maîtres devaient être partis avant la bataille. Puis, comme elle s’entêtait et qu’elle pénétrait dans la cuisine, elle laissa de nouveau échapper un cri d’effroi. Sous l’évier, deux corps avaient roulé, un zouave, un bel homme à la barbe noire, et un Prussien énorme, les cheveux rouges, tous les deux enlacés furieusement. Les dents de l’un étaient entrées dans la joue de l’autre, les bras raidis n’avaient pas lâché prise, faisant encore craquer les colonnes vertébrales rompues, nouant les deux corps d’un tel nœud d’éternelle rage, qu’il allait falloir les enterrer ensemble.